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Claude Simon, 7 : Les Premiers Livres de Claude Simon (2017)
mercredi 14 juin 2017, par
Claude Simon, 7 : Les Premiers Livres de Claude Simon
(1945-1954).
Textes réunis par Jean-Yves Laurichesse.
Paris : Classiques Garnier, 2017, 255 p.
(Revue des Lettres modernes. Série Claude Simon ; 7)
Les quatre premiers livres publiés par Claude Simon de 1945 à 1954 ont été écartés de son œuvre par l’écrivain lui-même, qui les jugeait avec sévérité. Ils sont pourtant loin d’être sans intérêt, non seulement comme tâtonnements dans la quête d’une écriture personnelle, mais aussi comme œuvres à part entière.
The first four books published by Claude Simon between 1945 and 1954 were excluded from his literary output by the author himself ; Simon judged them harshly. They are, however, far from uninteresting, not only as fumbling steps in the quest for a personal way to write, but
also as literary works in their own right.
Sommaire
Jean-Yves Laurichesse. « La Série Claude Simon continue », p. 9
Éditée de main de maître par Ralph Sarkonak de 1994 à 2012, la Série Claude Simon de « La Revue des Lettres Modernes » a vu paraître six volumes importants pour les études simoniennes. C’est ainsi qu’après avoir repris sur de nouvelles bases la question longtemps polémique du « référent » (Claude Simon 1. À la recherche du référent perdu, 1994), la Série devait ouvrir des pistes de recherche stimulantes sur la question du genre (Claude Simon 2. L’écriture du féminin/masculin, 1997), de l’archive (Claude Simon 4. Le (dé)goût de l’archive, 2005), ou encore proposer des approches nouvelles d’œuvres particulièrement marquantes (Claude Simon 3. Lectures de « Histoire », 2000 ; Claude Simon 5. « Les Géorgiques » : une forme, un monde, 2008), avant de conclure provisoirement sur le riche bilan de plus d’un demi-siècle de critique simonienne (Claude Simon 6. La réception critique, 2012).
En 2011, Ralph Sarkonak me faisait l’honneur de me transmettre la responsabilité éditoriale de la Série Claude Simon, dont il m’avait déjà confié un volume, consacré aux Géorgiques. Dans l’esprit de liberté critique qu’il avait voulu d’emblée insuffler à la Série, je décidais de consacrer mon premier volume comme directeur à ces tout premiers livres que Simon a voulu écarter de son œuvre parce qu’il n’en était pas satisfait, mais qui n’en présentent pas moins un intérêt indéniable pour les lecteurs comme pour les chercheurs, en tant qu’ils témoignent de la naissance d’un grand écrivain.
Le 15 mai 2013, le décès de Michel Minard privait les éditions Lettres Modernes-Minard de leur infatigable et exigeant fondateur-directeur. La période délicate qui s’ouvrait alors, et qui aurait pu être fatale à cette entreprise éditoriale exceptionnelle, s’est heureusement conclue, comme on le sait, par l’entrée de Lettres Modernes-Minard dans les éditions Classiques Garnier. Mais les incertitudes de cette transition ont retardé la publication de ce Claude Simon 7 qui paraît enfin aujourd’hui. J’espère que pour avoir été longtemps attendu, il sera accueilli avec d’autant plus d’intérêt. Je remercie contributeurs et lecteurs de leur patience et souhaite longue vie à la Série Claude Simon.
Jean-Yves Laurichesse. « Devenir Claude Simon », p. 11
I. LES PREMIERS LIVRES (1945-1954)
Pierre Schoentjes. « Nature et mouvement dans Le Tricheur. « Il pouvait déjà voir le petit pont de pierre sur lequel la route franchissait l’eau » », p. 23-29
Partant d’une lecture attentive de la manière dont Le Tricheur fait surgir l’environnement naturel, cet article s’interroge sur les enjeux formels qu’implique la volonté de saisir un paysage non seulement statique, mais aussi en mouvement. L’analyse s’arrête à la manière dont Simon s’efforce de montrer l’homme comme partie intégrante du monde sensible. La nature apparaît comme un « jardin » où il est possible de vivre une expérience sensorielle que la vie quotidienne ne permet pas.
Cécile Yapaudjian-Labat. « De la tragédie au tragique dans La Corde raide », p. 41-56
Le narrateur de La Corde raide s’attache à décrire les hommes comme de véritables personnages de tragédie – par leur maintien mais aussi leur démesure. Mais leur jeu perpétuel trahit le tragique de l’existence, envisagé sous ses différents aspects. Cette tentative de compréhension du tragique dans cet ouvrage de jeunesse fera l’objet d’un approfondissement constant dans les œuvres qui vont suivre. C’est surtout le souci de lui donner une forme, dans l’écriture romanesque, qui animera l’écrivain.
Michel Bertrand. « Gulliver, l’intertexte swiftien », p. 57-76
Le périple initiatique relaté dans Les Voyages de Gulliver constitue pour le jeune romancier une incitation à s’engager sur les chemins de sa propre création. Les jeux de perspectives de l’hypotexte ouvrent la voie à l’expérimentation d’une écriture susceptible de restituer les divers degrés d’appréhension d’un monde qui en soi s’avère illisible. Ainsi, réécrire un roman de formation possède pour lui les vertus de la formation d’un romancier.
Catherine Rannoux. « Gulliver, chantier », p. 77-92
L’étude montre comment ce roman présente déjà des traits de l’écriture qui nourriront la poétique simonienne de l’œuvre à venir, mettant en œuvre un rapport distancié au monde, sensible notamment dans la question de la nomination. Au-delà, l’étude analyse également comment la quête d’une adéquation de la façon de dire entraîne des jeux d’amplification syntaxique où se perçoivent déjà les éléments de l’architecture de la phrase simonienne.
Ralph Sarkonak. « Le Sacre du printemps, échec et mat », p. 93-132
Cette étude porte sur le troisième roman de Simon, qui thématise une série d’échecs, dont la défaîte de la révolution espagnole mais aussi les déboires d’un adolescent idéaliste qui se veut rationnel mais qui échoue sur toute la ligne. Les rapports difficiles de Bernard avec son beau-père illustrent une des nombreuses crises de succession qui jonchent le roman. La succession est étudiée aussi au niveau des allusions intertextuelles que le romancier fait à d’autres écrivains.
Anne-Lise Blanc. « Discordes et concordances dans la partition simonienne du Sacre du printemps », p. 133-160
L’article mesure l’attention manifeste que Claude Simon porte, dès Le Sacre du printemps, à l’irréductible distance qui sépare les êtres (si proches soient-ils) comme à l’impossible coïncidence entre les mots et les choses, les paroles et les pensées. L’antagonisme des figures s’y exprime à travers la discordance des voix et inspire une poétique de la diffraction. Cette poétique témoigne du pouvoir d’évocation inédit que possède un langage romanesque accordé, dans ce texte, à se matière dissonante.
II. ÉTUDE
Jacques Isolery. « La fourmi, l’araignée et l’abeille. Sur Quatre conférences de Claude Simon », p. 164-189
À partir d’un métalogue de Francis Bacon, il s’agit d’examiner, en faisant dialoguer La Corde raide et Quatre conférences, comment et pourquoi la poétique simonienne, dépassant à la fois l’empirisme de la fourmi, qui atomise le réel perçu, et le dogmatisme de l’araignée, qui en éteint l’éclat sous le poncif, privilégie la leçon de l’abeille oscillant entre l’émotion singulière de la fleur et le système de pensée qui est la cohésion de l’œuvre-ruche.
III. COMPTES RENDUS
Ilias Yocaris (dir.). Sofistikê, 1, « Un monde à découvrir : le style de Claude Simon » (Griet Theeten), p. 193
Laurence Cadet. De Proust à Simon : le miroitement des textes, « Recherches proustiennes » (Isabelle Serça), p. 199
Mireille Calle-Gruber. Claude Simon : une vie à écrire (Jean-Yves Laurichesse), p. 204
Paul Dirkx et Pascal Mougin (dir.). Claude Simon : situations (Jean H. Duffy), p. 206
Julien Piat. Expérimentation syntaxique dans l’écriture du Nouveau Roman (Beckett, Pinget, Simon) : contribution à une histoire de la langue littéraire dans les années 1950 (David Zemmour), p. 212
Claude Simon. Quatre conférences. Textes établis et annotés par Patrick Longuet (Alina Cherry), p. 219
Jean-Yves Laurichesse (dir.). Claude Simon géographe (Jean H. Duffy), p. 225
Claude Simon, Œuvres, vol. II, édition établie par Alastair B. Duncan, avec Bérénice Bonhomme et David Zemmour (Anne-Lise Blanc), p. 230
Bibliographie, p. 241
Index, p. 245
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