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une combinaison de fragments
samedi 29 septembre 2012, par
Cher Jean Dubuffet,
J’aurais été bien confus et intimidé si vous aviez été assis parmi le public à Genève. J’ai seulement essayé de dire des choses simples (ce qui est d’ailleurs le plus difficile) et, comme on dit toujours que je ne raconte que des bribes d’histoires en « fragmentant » la « totalité » (laquelle ?), de montrer que toute œuvre peinte ou écrite (même les romans dits « réalistes ») n’est jamais qu’une combinaison de fragments. Le titre de la conférence était d’ailleurs emprunté à Mallarmé : « L’absente de tout bouquet » (la fleur dite).
En littérature, Joyce et Proust ont été, me semble-t-il, les premiers à ne pas cacher qu’il s’agissait de travaux d’assemblage et à composer des textes qui ne prétendaient plus enseigner ni démontrer quoi que ce soit. En peinture les Impressionnistes qui cessaient aussi de prétendre représenter la « réalité », puis les Cubistes, Miró, vous ...
Claude Simon, Salses, 21 juin 1982
Jean Dubuffet et Claude Simon, Correspondance 1970-1984, (L’Echoppe, 1994, p. 37)