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Valentin Vouriot
vendredi 20 mai 2016, par
Peut-être me fut-il donné d’entrer dans cette oeuvre comme dans un bordel d’avant-poste.
Vaillant puis rougissant, récalcitrant donc nonchalant, j’étais apeuré à n’en pas douter. Sans cesse j’y brûlais, lecteur inadapté, balbutiant.
Que dire de ces phrases enchevêtrées à la causalité suspicieuse quand seuls restent à la première lecture, des images, des points de vue aberrants ?
De plus l’œuvre, une fois parcourue plus amplement, rend poreuses les frontières circonscrites par les titres, comme la guerre défait les pays, la lutte ou la sexualité les corps et les noms.
Ma mémoire aujourd’hui encore ne conservent de cette oeuvre que des bribes d’images, des fragments de narration, des liaisons.
Si ma mémoire est confuse à son égard, ce que je sais pour sûr, c’est que j’étais encore jeune, et que je ne le savais pas. Je croyais encore pouvoir voir. Je ne verrai rien.
Rien désormais que ce que la lampe de l’écriture éprise d’une liberté folle permet d’explorer en son humble technique.
Jamais œuvre ne fut pour moi aussi conséquente, n’infléchit tant mon désir d’écrire, de lire - quand bien même elle en dévoilait négativement la vacuité.
Cette écriture qui usait et abusait de la citation s’en faisait paradoxalement le refus.
Aussi gravée, inscrite soit-elle désormais, fixe à jamais dans son montage, elle conserve dans son mouvement même un dynamisme propre au refus de la sagesse, en appelant aujourd’hui en ces temps étranges à une perpétuelle découverte, une perpétuelle écriture (synonymes désormais) du monde.
Ce dont je me souviens surtout donc, à son contact, c’est l’inépuisable créativité de la formidable puissance du désir d’écrire qui la sous-tendait.
Valentin Vouriot