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Ricardou, Jean
lundi 25 juillet 2016, par
Jean Ricardou, né à Cannes le 17 juin 1932, est mort à Cannes le 23 juillet 2016. Écrivain et collaborateur de Tel Quel de 1962 à 1971, il a été l’un des principaux théoriciens du nouveau roman. Son deuxième roman La Prise/Prose de Constantinople reçoit le prix Fénéon en 1966 et son premier livre de théorie, Problèmes du Nouveau Roman, paraît en 1967 dans la collection « Tel Quel » du Seuil.
« Le roman n’est plus l’écriture d’une aventure mais l’aventure d’une écriture » écrit-il en 1963 à propos d’un roman de Claude Ollier. Il co-dirige ensuite le premier grand colloque sur le nouveau roman, qui rassemble en 1971 à Cerisy les principaux nouveaux romanciers, puis dirige les colloques Claude Simon en 1974 et Robbe-Grillet en 1975, en présence des deux écrivains.
Jean Ricardou a publié des articles qui ont fait date sur Claude Simon, notamment « Un ordre dans la débâcle » (Critique, 1960), « La Bataille de la Phrase » (Critique, 1970) ou « Le dispositif osiriaque. Problèmes de la segmentation. Osiris ainsi que Les Corps conducteurs et Triptyque de Claude Simon » (Études Littéraires, 1976) et qui ont très probablement stimulé et transformé l’écriture du romancier, notamment dans les années 70 :
et très certainement, confusément dans mon esprit confus, et quoique une fois à ma table j’oublie tout, hormis les successifs avatars de ce labeur de taupe, ses analyses, ses « mises à nu » (tant de mes ouvrages que d’autres) ont joué leur rôle dans la lente évolution de la conception que je me fais de mon art.
affirme ainsi Claude Simon dans un entretien pour La Quinzaine littéraire en 1971.
Dans les années 1980, leurs relations se refroidissent toutefois nettement, comme en témoigne une lettre de Claude Simon à Jean Ricardou le 20 janvier 1982, publiée p. 278 dans Nouveau Roman. Correspondance, 1946-1999,
« Mon cher Jean,
Merci de m’avoir envoyé Le théâtre des métamorphoses où je vais certainement beaucoup apprendre.
Par la quatrième page de couverture, je me vois déjà informé, non sAns éBAhiSsement, que Le NouveAu RoMan marche à la « file » derrière un « chef ». Comme tu le sais, j’ai toujours été un soldat indisciplinÉ. FidèlE à cette ligne de conduite, je branle donc du chef et me défile…
Amitiés »
et qui laisse apparaître un « à bas l’armée » on ne peut plus clair.
– les deux photographies de Claude Simon et Jean Ricardou au Colloque de Cerisy organisé en 1974 par Jean Ricardou sont dues à Gerhard Dörr.
Pour en savoir plus, on peut consulter :
– l’article d’Ilias Yocaris consacré à Jean Ricardou, dans le Dictionnaire Claude Simon, tome 2, p. 920-927 ainsi que son « Bilan critique du formalisme ricardolien : la machine abandonnée ». p. 41-95, dans Claude Simon, 6 : La Réception critique (2012),
– le bel hommage de Johan Faerber, « Jean Ricardou (1932-2016) : L’aventurier du Nouveau Roman » dans la revue en ligne Diacritik,
– l’hommage de David Fowler (novembre 2016),
– la page d’hommage (avec un article de Jan Baetens) sur le site des Impressions nouvelles,
– et surtout la page consacrée à Jean Ricardou sur le site de Cerisy
Une journée d’hommage sera organisée fin avril 2017 au Collège international de philosophie, un recueil des quelque trente conférences de Jean Ricardou à Cerisy paraîtra à l’automne prochain aux éditions Hermann et un colloque international lui sera consacré en août 2019 à Cerisy.