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Le Rire de Claude Simon (2024)
jeudi 18 juillet 2024, par
Le Rire de Claude Simon.
La Revue des lettres modernes. Claude Simo n, 9.
Études réunies par Jean-Yves Laurichesse.
Paris : Classiques Garnier, juillet 2024. 248 p.
Sommaire
Jean-Yves Laurichesse, Avant-propos, p. 11-13
Claude Simon passe généralement pour un auteur sérieux, voire difficile. Pourtant, le rire est loin d’être absent de son œuvre, comme thème ou comme effet. Relativement peu étudié par la critique, malgré quelques travaux fondateurs, il n’a pas livré tous ses secrets. Ce numéro de la série Claude Simon s’attache à élargir et approfondir la compréhension des formes, des ressorts, mais aussi des effets et des enjeux du rire dans l’ensemble de l’œuvre, du Tricheur au Tramway.
LE RIRE DE CLAUDE SIMON / CLAUDE SIMON’S LAUGH
Alain Froidevaux. « Entre le tragique et la dérisoire. « Quelque chose qui n’était pas exactement du rire » chez Claude Simon », p. 17-50
En observant la grande fréquence de termes appartenant au champ lexical de la dérision dans l’œuvre de Claude Simon, cette étude envisage la manière dont l’écriture s’emploie à les décharger d’un certain poids moral. Entre le
tragique et le dérisoire, entre l’ironie et l’humour, se trouve une puissante vitalité du rire, une ressource poétique qui implique en même temps des questions d’éthique fondamentale.
Marie Hartmann. « La facétie. Jeux de mots, pointes sarcastiques ou spirituelles dans Le Jardin des Plantes », p. 51-65
L’humour noir et une féroce dérision traversent les romans de Claude Simon. Ils affectent personnages et situations. Mais, dans Le Jardin des Plantes, une forme plus enjouée d’humour apparaît. Elle se déploie dans l’art de la caricature, dans l’exploitation de plaisanteries et de traits d’esprit. Elle repose sur l’acceptation lucide d’une condition humaine qui implique joies et tourments. Dans cet article, on étudie donc les différentes tonalités de cet
humour, ainsi que ses effets.
Michel Bertrand. « Ressorts et ressources comiques des murs prenant la parole dans Triptyque », p. 67-85
L’affiche relève d’un langage spécifique qui implique certes la structure qu’elle revêt et le sujet qu’elle révèle, mais aussi le lieu où elle est placée et le laps de temps où elle y figure. Déployant implicitement le comique inhérent aux codes mis en place par ces représentations, le romancier explore les profondeurs qui se dissimulent sous la surface du support. Et force est de constater que le rire qui l’habite constitue une invitation à prendre conscience
du tragique de l’existence humaine.
David Zemmour. « “Des rires qui déferlent” ? La série des clowns dans Triptyque de Claude Simon », p. 87-113
L’article se propose d’interroger la place et le rôle de la série des clowns dans Triptyque de Claude Simon sous trois angles : dans une perspective scripturale en étudiant les modalités d’insertion de la série dans le roman ;
dans une perspective sociologique et anthropologique, en interrogeant les rapports sociaux et humains engagés ; enfin dans une perspective artistique en questionnant le choix de la figure du clown.
Jean-Yves Laurichesse. « La “comédie humaine” de Claude Simon. Du Vent au Tramway », p. 115-130
Il s’agit ici d’observer comment Claude Simon traite un certain nombre de types et de faits sociaux, particulièrement ceux qu’il a pu observer dans sa province d’origine, sous un angle à la fois sociologique et comique, en référence tantôt implicite, tantôt explicite, à la comédie baroque et à la « comédie humaine » de Balzac, particulièrement aux deux extrémités de l’œuvre, dans Le Vent. Tentative de restitution d’un retable baroque et dans Le Tramway.
Brigitte Ferrato-Combe. « Rire des peintres et prendre au sérieux la peinture », p. 131-149
La critique simonienne a depuis longtemps établi que la peinture, pour Claude Simon, était chose sérieuse. Il envisage avec gravité les questions esthétiques, en particulier l’art pictural, sa vocation première, qui demeure pour lui un modèle esthétique, nourrissant jusqu’à la fin sa pratique d’écrivain. Le traitement sarcastique réservé dans ses romans aux artistes peintres peut dès lors apparaître paradoxal, et la raillerie à l’égard des peintres semble relever avant tout de l’autodérision.
ÉTUDES ET RECHERCHES
Joëlle Gleize. « Les fantômes de Claude Simon ou le retour du romanesque dans Les Géorgiques », p. 153-174
« Totalisation accomplie », selon Lucien Dällenbach, Les Géorgiques est créateur de formes tout autant que de mondes. On étudiera ici le rôle inédit joué par le romanesque inhérent au matériau biographique et historique que
se donne Claude Simon. Affrontant ce défi, l’écrivain fait de l’obstacle un adjuvant qui l’aide à insérer des documents, à dire autrement l’Histoire qu’il donne à voir et à ressentir, et à instaurer une dynamique et une empathie qui embarquent le lecteur.
Ilias Yocaris. « Le raidillon aux aubépines. Multistabilité et objetscontextuels dans La Bataille de Pharsale », p. 175-237
La Bataille de Pharsale donne à voir un grand nombre d’« objets contextuels », qui ne sont pas pensables comme des substances fixes et immuables dotées de propriétés intrinsèques mais donnent lieu à une perception « multistable », articulant des perspectives observationnelles mutuellement incompatibles. L’idée d’une perception multistable est projetée non seulement sur l’univers fictionnel du roman, mais aussi sur ses textures langagières (énonciatives, narratives, syntaxiques et lexicales).