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Je suis maintenant un vieil homme
jeudi 18 avril 2013, par
(...) Je suis maintenant un vieil homme, et après la consécration matérielle et mondaine apportée par le Nobel, je ne brigue aucun honneur, aucune place, aucun poste ; je n’ai d’autre ambition (comme d’ailleurs auparavant) que de mener au mieux mon travail d’écrivain qui n’autorise à mes yeux aucune sorte de concession, que ce soit aux goûts du public ou aux consignes des gouvernants et, comme j’ai aussi eu l’occasion de le dire, je considère que si le créateur, artiste, chercheur – en d’autres termes le novateur – se doit d’apporter sa modeste contribution à la perpétuelle trans-formation de la société en découvrant de nouvelles formes (ce qui le fait, dans un premier temps, rejeter par tous les pouvoirs en place), il peut aussi, à l’occasion et en tant que citoyen, profiter de sa notoriété grande ou petite pour s’élever contre ce qu’il considère comme par trop intolérable est contraire aux lois les plus élémentaires du respect de l’homme. (...)
Claude Simon, « Lettre à Federico Mayor » (1986). Œuvres II, Gallimard, La Pléiade, 2013, p. 1361