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Édouard Sulpice. Lecture de l’Herbe (2024)
samedi 21 décembre 2024, par
« Dynamiter le roman. Ou Pourquoi Simon paraît si difficile ? »
Un podcast d’Édouard Sulpice, qui est aussi acteur, sur sa chaîne En rade, 3 décembre 2024, 26 min.
Dans cette belle lecture de L’Herbe, à partir aussi d’un entretien avec Pierre Dumayet, en 1958, qui montre un Claude Simon très silencieux mais néanmoins très expressif, Édouard Sulpice présente Claude Simon comme un écrivain qui, davantage que difficile, est souvent « insolent et comique » et « a toujours envie de s’échapper ».
Voici comment il présente lui-même sa lecture :
« Le prix Nobel de littérature attribué à Annie Ernaux en a secoué plus d’un : Comment ?? Faire triompher un style plat ? Célébrer l’absence d’écriture ? Anoblir le fade récit d’une vie ?
En 1985, le prix Nobel attribué à Claude Simon a fait pousser des hurlements, pour ainsi dire, inverses : Quoi ?? Récompenser un farfelus ? Rendre hommage à un pyromane, un dynamiteur des codes romanesques ? Prendre du plaisir face à des histoires sans début ni fin ?
L’insolent et comique (on oublie trop souvent de dire qu’il est drôle !) Claude Simon a tout renversé sur son passage. Il lui reste pourtant une réputation d’auteur compliqué...
Avouons-le, la première fois que j’ai lu ses Géorgiques, je n’ai pas tout compris, mais quelle jouissance j’en ai tiré ! Simon redispose le sensible, crée des liens inattendus, capte la palpitation invisible des choses. Et ce serait simplement du jus de cerveau ?
Alors comment avoir une approche organique d’un auteur jugé à tort cérébral et inaccessible ? Est-il allé trop loin ? Y a-t-il des clefs pour y « comprendre » quelque chose ?
En 1958, Claude Simon publie L’Herbe, son deuxième roman aux éditions de Minuit et on l’invite à la télévision (accompagné de son éditeur Jérôme Lindon et face au journaliste Pierre Dumayet). Cette émission un brin loufoque sera le point de départ d’une réflexion autour des notions de facilité et de difficulté qui naviguent souvent autour de son œuvre.
Nous allons lire des extraits de L’Herbe. Il y sera question d’un chat, de dynamite et d’un voleur rencontrant à l’improviste sa propre image dans un miroir.
Notons que, au sujet de sa réputation d’auteur difficile, Claude Simon avait répondu : “Laissons de côté les griefs qui m’ont été faits d’être un auteur « difficile », « ennuyeux », « illisible » ou « confus » en rappelant simplement que les mêmes reproches ont été formulés à l’égard de tout artiste dérangeant un tant soit peu les habitudes acquises et l’ordre établi, et admirons que les petits-enfants de ceux qui ne voyaient dans les peintures impressionnistes que d’informes (c’est-à-dire d’illisibles) barbouillages stationnent maintenant en interminables files d’attente pour aller « admirer » ( ?) dans les expositions ou les musées les œuvres de ces mêmes barbouilleurs.” »