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Des routes des Flandres
samedi 11 février 2012, par
En mai 1940, sur des routes des Flandres le régiment de Simon, à cheval, avance puis bat en retraite contre l’armée allemande. Le matin du 17 mai, le premier escadron tombe dans une embuscade à l’entrée du village de Cousorle. Simon s’en évade à pied. Après quelques heures de marche solitaire, il retrouve son colonel sur la route de Solre-le-Château.
La poignée de cavaliers se dirige vers Avesne-sur-Helpe, mais à Beugnies, à la sortie de Sars-Poteries, le colonel est abattu en pleine route. Simon, fait prisonnier le 18 mai, est transporté au stalag IVB à Mülhberg sur Elbe.
Quelques heures avant le passage de Simon et du Colonel Rey, Rommel, a effectué une rapide percée, sur la même route entre Solre-le-Château et Avesnes (nuit du 16 au 17 mai).
Au matin du 17 mai 1940 et suivis seulement de deux
cavaliers, deux officiers (les colonels d’une brigade) suivent
au pas de leurs montures la route de Solre-le-Château à
Avesnes dont les bas-côtés sont bordés de ce sillage à la fois
pathétique et répugnant que la guerre laisse derrière elle,
fait de véhicules de toute sorte, abandonnés ou détruits, certains
achevant de se consumer (petites flammes jouant
encore à se poursuivre sur les carcasses, puanteur de caoutchouc
brûlé), de chevaux morts, de bagages crevés, d’objets
les plus hétéroclites éparpillés et poussiéreux. (Le Jardin des Plantes, p. 71)Les trajectoires respectivement suivies par S. et R. se trouveront
confondues sur une courte distance (d’environ cinq
kilomètres), chacune empruntant à quelques heures d’intervalle
la route qui mène de Sorle-le-Château à Avesnes,
très exactement entre le lieu-dit Le Trianon et la sortie ouest
de la petite agglomération de Beugnies où l’un des deux
colonels suivis par S. (qui, à ce moment, constituera avec
un autre cavalier toute leur escorte) sera abattu. Il sera alors
environ dix ou onze heures du matin. Il fera très beau et le
soleil printanier brillera sur les prés, les haies d’aubépine
en fleurs, les vergers, teintant de saumon les fumées qui çà
et là s’élèveront parfois de véhicules achevant de se consumer,
étincelant sur les toits d’ardoise des fermes. Rommel
sera passé là au cours de la nuit à la tête de sa division et,
sur sa lancée, aura continué tout droit sur Avesnes,
Landrecies et Le Cateau, entamant le parcours jalonné de
victoires qui le conduira quatre ans plus tard à croquer une
pastille de cyanure. (Le Jardin des Plantes, p. 159-160)
Les quatre photos ci-dessous montrent le croisement à l’est du village de Cousorle où le premier escadron du régiment de Claude Simon est tombé dans une embuscade le matin du 17 mai 1940. La troisième photo montre le talus qui a sauvé la vie à Simon.
– à lire : « Le petit ’historique’ du 31e dragons » (1984), p. 1227-1233 dans le premier volume des Œuvres dans la Pléiade
– voir aussi : « Les errances de Georges », dessin de Claude Simon
– et les photographies de Pascal Mougin