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Le Vent (1957). Résumé par Gilles Bellec

dimanche 24 juillet 2022, par Christine Genin

Le Vent : Tentative de restitution d’un retable baroque. Minuit, 1957, 241 p.

Résumé par Gilles Bellec. Juillet 2022

Gilles Bellec s’est livré au difficile exercice de résumer, chapitre par chapitre, ce roman de Claude Simon, dans le but de faciliter sa lecture, ou de donner envie de le lire.

I
Antoine Montès, après le décès du père qu’il n’a jamais rencontré, est convoqué par un notaire et découvre une ville du midi. Montès qui exerçait chichement le métier de photographe dans le nord de la France, est plus intéressé par les gravures qui décorent l’étude notariale que par la valeur de sa propriété. Son attitude déconcerte le notaire qui ne connaît qu’un moteur à l’activité humaine, l’intérêt. À l’issue de la visite du domaine dont il vient d’hériter, son régisseur l’invite. Le déjeuner est servi par sa femme en présence de leur fille de 20 ans. En tenue provocante.

II
Contrairement à toute attente, Montès s’est installé à l’hôtel et non dans sa propriété. Il licencie son régisseur en passant par un huissier. Furieux, le régisseur part en voiture, croise Montès sur son vélo, s’arrête et le brutalise quasiment à mort. On comprend que le père de Montès aurait déshonoré sa fille. L’huissier intervient, sauve Montés et lui signale que la fille du régisseur a été largement « compensée » en bijoux.

III
Le régisseur intente un procès pour licenciement abusif, ce qui éloigne Montès de sa propriété. Ses faibles liquidités l’incitent à quitter l’hôtel près de la gare. À la suite d’une longue déambulation, Montès trouve à se loger dans un quartier populaire et un hôtel louche. Il y rencontre deux fillettes, Theresa et sa petite sœur, auxquelles il s’attachera. Un gitan qui joue avec celles-ci, est interrompu par l’arrivée de la serveuse de l’hôtel. Cette rencontre dévoile les rapports tendus au sein du couple à propos d’argent. Pour acheter une robe aux fillettes, le gitan impécunieux est soupçonné de se livrer avec elles à des activités interdites.

IV
De sa fenêtre, Montès observe les gitans puis rencontre les fillettes, à qui il offre des bonbons et des tours de manège. Montès est invité par un riche cousin de son père, aristocrate décadent. Celui-ci lui présente ses deux filles, l’aînée conformiste, la seconde révoltée. La seconde, Cécile, intriguée par l’étrangeté de Montès, viendra plus tard le provoquer dans sa chambre d’hôtel. Par ailleurs, on apprend incidemment par un autre résident, Maurice, que le gitan aurait « fait un coup ».

V
L’histoire de Montès est alors présentée ainsi que les circonstances de ses rencontres avec Maurice, puis Theresa et Rose. Montès (indifférent à toute distinction entre le bien et le mal), est aussi indifférent aux évènements que son ingénuité déclenche inévitablement. Au cours d’une rencontre ambigüe, Montès fait une révélation à Rose : Maurice la soupçonne de receler des bijoux volés par le gitan.

VI
Montès est d’abord embarqué dans une discussion déplaisante avec Maurice puis sort de l’hôtel et déambule de nuit dans la ville. Il aperçoit le gitan boxant dans un sous-sol miteux. Après le match, il suit de loin, jusqu’aux bas-fonds de la ville, les trois animateurs du combat de boxe. Puis Montès rentre à l’hôtel, où il poursuit une discussion profonde avec Rose sur les thèmes de la pauvreté et de la prostitution (dans une rencontre qui fait écho à celle du Christ avec Marie-Madeleine).

VII
Le comportement de Montès continue de surprendre. Son indifférence à l’égard de l’argent et de la vie matérielle en général remet en cause la vision du notaire sur l’humanité. Montès déstabilise involontairement l’ordre social cloisonné de la ville. Le mépris de la fille aînée du cousin, Hélène, quand elle surprend sa bonne forniquant sous son toit avec le gitan, illustre le fossé social. Le mari falot voulant soutenir Hélène, sa femme, fait les frais de sa propre naïveté (dans une scène de vaudeville) et reçoit un coup de poing du gitan.

VIII
Accompagné de Theresa, Montès traverse la ville en suivant le chemin parcouru la veille de nuit à la sortie du match de boxe. L’intérêt de Montès pour les mœurs des gitans ne le met pas lui-même à l’abri des mauvais coups. Sa curiosité se conclut par un coup de poing du gitan Jep, désigné par son nom, et père présumé des fillettes. Après un KO, Montès retourne péniblement jusqu’à l’hôtel.

IX
Montès ne comprend toujours pas le monde qui l’entoure. Rentré à l’hôtel fort tard après l’agression nocturne, il est dérangé par son voisin Maurice. Celui-ci cherche à le persuader de sa bienveillance mais dévoile sa rouerie quand il sort de la valise de Montès le coffret des bijoux volés. Montès pourrait être accusé de recel.

X
Montès doit cohabiter avec le mal mais il est incapable de le prendre en compte. Il se montre tout aussi incapable de comprendre Cécile, la révoltée. Celle-ci casse ses fiançailles autant que tous les codes de la bonne société. Maurice, entremetteur professionnel, révèle son attitude louche et sa tentative de chantage.

XI-XII
Maurice entre par effraction dans la chambre d’hôtel de Montès. Il se présente en victime d’une machination qu’il développe.
En fait, après avoir dérobé un billet ambigu qui était adressé par Cécile à Montès, Maurice a tenté de faire chanter le père de Cécile. Hélène, témoin de la tentative de chantage, parvient, pour sauver l’honneur familial, à subtiliser à Maurice le billet potentiellement compromettant.

XIII
L’ingénuité de Montès continue de déclencher des événements qui conduisent au drame. Montès au bord de l’épuisement se trouve dans un état second. La chronologie éclate, sa mémoire est éparpillée. Maurice est déstabilisé par la disparition des bijoux. Il ignore que Montès les a confiés à un prêtre.
Les policiers font irruption dans l’hôtel. Le gitan se croit trahi par Rose et la tue d’un coup de couteau, puis, au cours de sa fuite, se fait descendre à son tour par un policier. Face à cette mort si proche et si brutale, Montès divague. Le rêve et la réalité se confondent dans une scène où il pénètre dans l’intimité du logement de Rose. Une gifle le ramène à la réalité. Les flics le soupçonnent d’avoir été l’amant de Rose.

XIV
Montès vit la suite des événements (décès brutaux, enquête policière) dans un état second. Incapable d’entrer en relation, ni avec l’inspecteur de police ni avec le prêtre, Montès perçoit seulement la réalité de la matière qui l’entoure mais de façon brute, parcellaire. Il finit par trouver refuge dans l’église.

XV
Une rencontre entre Montès et Maurice tourne court. Puis Montès, toujours dans un état second, s’habille pour se rendre à la police. Il y lance une tentative d’adoption des fillettes. Montès ne digère ni cet échec de l’adoption ni les événements troublants survenus depuis son arrivée dans la ville.
De retour à l’hôtel, Montès se fait aborder par Maurice qui cherche à se disculper de la dénonciation du vol des bijoux.Tous ces événements laissent Montès indifférent.

XVI
Maurice quitte définitivement la ville. La logique sous-jacente des faits est enfin dévoilée. C’est Hélène, instrument de l’Ordre social et familial, qui a déclenché la force publique en accablant Rose auprès du procureur. C’est encore Hélène qui a manigancé une manœuvre pour faire rentrer sa sœur dans le rang après la rupture de ses fiançailles.
Malgré ses tentatives, Cécile la révoltée aura échoué à nouer une relation avec Montès. Il est trop étranger au monde. L’échec relationnel est généralisé et conduit à la solitude de chacun. Rose, que Montès aurait pu aimer, est morte. La seule option serait pour Montès de se rapprocher des fillettes, maintenant orphelines.

XVII
L’été est arrivé. Les habitants fuient la chaleur et délaissent la ville pour les bords de mer.
Montès a obtenu le droit d’une visite mensuelle à Theresa et sa sœur dans l’orphelinat qui les héberge temporairement.
Puis Montès perd tout ce qui lui reste. D’abord sa relation avec Theresa et la possibilité de gâter les deux fillettes, lorsqu’elles sont déplacées dans une localité inconnue.
Montès subit aussi l’échec de son procès. Puis le paiement des indemnités au régisseur entraîne la perte de sa propriété. Reste le vent.
Définitivement étranger au monde social piloté par l’intérêt, Montès s’immobilise au milieu de la ville agitée et bruyante dans un ordre intemporel comme le mouvement des planètes, celui d’un monde minéral animé par une force sans but, sans fin, comme le vent. Ce vent du midi, seul élément permanent qui aura accompagné Montès dans la rencontre de son héritage paternel.

Mots-clés

Bellec, Gilles  Le Vent