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Renaud, Aurélie. L’Espagne dans la pensée de Georges Bataille, Jean Genet et Claude Simon (2011)
samedi 21 janvier 2012, par
Aurélie RENAUD, L’Espagne dans la pensée de Georges Bataille, Jean Genet et Claude Simon. Reprise et remaniements des stéréotypes, Thèse soutenue le 2 décembre 2011, Université Paris-Diderot – Paris VII.
On observe que l’Espagne occupe, dans les œuvres de Georges Bataille, Jean Genet et Claude Simon, une place importante. Elle est, d’abord, l’objet d’une expérience privée, à la fois brève et intense. Mais le retentissement de cette expérience – l’effort pour la penser –rencontre ensuite, croise les images à travers lesquels on a accoutumé, depuis des siècles, de la percevoir. Tout particulièrement celles que leur lèguent deux grandes traditions : la mythologique héroïque de la guerre civile, d’une part, l’imaginaire exotique et pittoresque propre aux romantiques, d’autre part. Par rapport à l’héritage, le travail consiste en une déconstruction patiente, minutieuse. Mais les stéréotypes ne sont pas écartés, au prétexte qu’ils seraient trompeurs. Ils sont, au contraire, exposés, repris, déplacés. De là, chez les trois auteurs, et en dépit de tout ce qui peut les séparer, l’élaboration d’une Espagne nouvelle, tout à la fois reconnaissable et méconnaissable. De l’altérité de convention sort une altérité forte, et des stéréotypes un mythe. Car l’Espagne, au bout du compte, ouvre sur la vérité qui leur importe et qui se tient au centre de leur pensée : vérité anthropologique dans le cas de Simon et de Bataille, vérité intime dans le cas de Genet.
Spain in the thoughts of Georges Bataille, Jean Genet and Claude Simon. Taking up and modifying stereotypes
Spain noticeably figures prominently in the works of Georges Bataille, Jean Genet and Claude Simon. It is first and foremost the object of a private experience that is both brief and intense. However, the registering of such an experience - the attempt at turning it into thought - then encounters and intersects the images through which the country has customarily been perceived for centuries. They notably turn to two traditions : the heroic mythology of the Civil War, on the one hand, the exotic and picturesque imagination that has characterised the romantic generation, on the other hand. They have patiently and carefully deconstructed such an inheritance. Yet, these stereotypes are not cast away altogether as deceitful conceptions. They are much rather exhibited, taken up, displaced. Hence, in the works of the three authors that are of concern here and despite everything that might distinguish them otherwise, the elaboration of a new Spain, at once recognizable and unrecognizable. A strong alterity springs forth from a conventional alterity, and myth emerges from stereotypes. Indeed Spain eventually opens onto the truth which matters to them and which stands at the core of their respective thought : an anthropological truth in the cases of Simon and Bataille, an intimate truth in the case of Genet.