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Butor, Michel

vendredi 26 août 2016, par Christine Genin

(...) chaque œuvre singulière résonne avec de multiples alentours et (...) ces alentours sont pleins de lacunes.

Il y a certes bien des choses que nous ne connaissons pas et dont nous aurions besoin. Pour nous connaître, nous aurions besoin d’avoir ce sentiment que nous sommes des archéologues.

Nous sommes, tous et tout le temps, en train de reconstituer quelque chose qui s’échappe perpétuellement.

C’est cela qui est à l’œuvre dans les livres de Claude Simon : ce sentiment de la ruine, du texte en ruines, du personnage dont on aperçoit simplement une ombre à l’intérieur de la conversation. (...)

Ce thème est absolument central chez lui. Il a traité d’une façon extraordinaire les multiples ressources scripturaires de cette littérature dormante.

Michel Butor, Extrait de « La littérature dormante », à propos de Claude Simon, p. 12-13

Michel Butor, né le 14 septembre 1926, est mort hier 24 août 2016.

Il était le dernier des nouveaux romanciers vivants, même s’il n’avait publié que quatre romans, ayant délaissé depuis 1960 le genre romanesque au profit d’un foisonnement protéiforme de textes plus expérimentaux, poésie, essais, livres d’artiste, etc.

Claude Simon l’avait rencontré aux Éditions de Minuit, où lui-même était introduit par Alain Robbe-Grillet et où Michel Butor avait déjà publié en 1954 son premier roman, Passage de Milan, suivi en 1956 par L’emploi du temps. Alain Robbe-Grillet vient alors d’arriver comme conseiller littéraire chez Minuit, et un groupe qui va bientôt être baptisé Nouveau Roman commence à se former rue Bernard-Palissy. Pour un Nouveau Roman, d’Alain Robbe-Grillet ne paraîtrait qu’en 1963, mais Nathalie Sarraute fait paraître dès 1956 l’Ère du soupçon, un essai qui récuse les conventions du roman traditionnel.

À la rentrée 1957, Michel Butor publie La Modification, dont la narration à la deuxième personne du pluriel fait date et qui lui vaut le Prix Renaudot, et Claude Simon Le Vent. Tentative de restitution d’un retable baroque. Mais très vite sa mésentente avec Alain Robbe-Grillet, qui craint que Butor ne lui fasse de l’ombre, ainsi que des différends éditoriaux avec Jérôme Lindon, éloignent Michel Butor des Éditions de Minuit et du groupe des nouveaux romanciers. Lors de la célèbre photo de Mario Dondero en 1959, il est déjà sur le départ, même s’il publie encore aux côtés des Nouveaux romanciers jusqu’au colloque de Cerisy de 1971.

Mais il conserve ensuite beaucoup d’estime et des relations très amicales avec Claude Simon et Nathalie Sarraute notamment. Simon et Butor partagent notamment un même goût pour l’art et pour le texte-collage.

Lorsque le Prix Nobel est attribué à Claude Simon en 1985, Michel Butor se déclare très déçu du peu d’écho de l’événement en France. Lors du 80e anniversaire de Claude Simon, il participe au volume d’hommage qui lui est consacré, Claude Simon : chemins de la mémoire et en 2006 au numéro 2 des Cahiers Claude Simon composé lui-aussi d’hommages au romancier mort en 2005.

Quelques textes de Michel Butor sur Claude Simon :

 « Les heures de Pétra », pour Claude Simon, dans Claude Simon : chemins de la mémoire. Sainte-Foy : Griffon d’argile (Le) ; Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, 1993, p. 29-42.
 « Stèle pour Claude Simon », Cahiers Claude Simon, 2, 2006. 164 p.
 « La littérature dormante ». Préface de Claude Simon. La mémoire du roman. Lettres de son passé 1914-1916. les Impressions nouvelles, 2014, p. 7-13. Extrait ci-dessus.
 « À la recherche de la littérature perdue ». Claude Simon : les Vies de l’archive. Éditions universitaires de Dijon, 2014, p. 23-29.

Voir aussi :

 la notice de Mireille Calle-Gruber sur Michel Butor dans le Dictionnaire Claude Simon (2013)
 le foisonnant Dictionnaire Michel Butor mis en ligne par Henri Desoubeaux
 Michel Butor et La Modification (1957, vidéo INA)
 Michel Butor à la BnF : bibliographie (pdf) et Hommage à Michel Butor (blog Lecteurs)
 dossier Michel Butor (Poezibao).

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