Association des Lecteurs de Claude Simon

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Europe, 1033, mai 2015

mercredi 29 avril 2015, par Christine Genin

Europe , 93e année, 1033, mai 2015. Études réunies par Cécile Yapaudjian-Labat

 Présentation sur le site de la revue

Claude Simon (1913-2005), prix Nobel de littérature en 1985, est aujourd’hui considéré comme l’un des romanciers majeurs du XXe siècle. Bon nombre d’écrivains contemporains reconnaissent l’influence déterminante de son œuvre sur leur propre travail et ses lecteurs, quels qu’ils soient, rendent tous compte d’une expérience de lecture inédite.
C’est que la phrase de Claude Simon ne peut laisser indifférent. Qu’elle s’étire démesurément, charrie des images et des mots « carrefours de sens », qu’elle ressasse, tâtonne, se suspende ou se relance, elle fait toujours forte impression. Entre hésitation et endurance, elle semble toujours se façonner à mesure que nous la lisons.
L’œuvre de Claude Simon, du Tricheur en 1945 au Tramway en 2001, se nourrit avant tout de l’expérience d’un homme qui a parcouru un siècle mouvementé, qui s’est lui-même retrouvé sous le feu en mai 1940.
Ses romans se font ainsi l’écho de la petite comme de la grande histoire, des deuils intimes — la disparition du père au combat en 1914, la lente agonie puis la mort de la mère, le suicide de l’épouse — comme des deuils collectifs — la faillite des grandes idéologies, celle de l’humanisme en particulier, dont les valeurs n’ont pu empêcher ni les deux guerres mondiales, ni Auschwitz, ni le Goulag. Simon cherche ainsi à rendre le chaos du monde, sa perception confuse et multiple et à les maintenir en mémoire, dans et par l’écriture.
Aussi l’écrivain privilégie-t-il la description. L’usage de cette dernière traduit également, chez ce photographe averti qui, avant d’écrire, a d’abord voulu être peintre, son souci de composition et son désir de faire voir les images qui l’émeuvent : des scènes obsédantes, des paysages de la terre vue d’avion, de vieilles cartes postales, des affiches publicitaires, des œuvres d’art contemplées dans les musées... On trouve aussi chez Simon une prédilection pour le dialogue : celui fructueux que, dans chaque roman, il entretient avec les romans précédents, mais encore le dialogue qu’il instaure avec ses devanciers dans la voie d’une littérature descriptive — Dostoïevski, Conrad, Proust —, ou même avec ceux dont il veut se démarquer, leur reprochant d’avoir voulu démontrer, ordonner avant de montrer. Mais ne nous méprenons pas : s’ils sont à la fois autobiographiques et critiques, les romans de Claude Simon ne manquent jamais pour autant d’être parfaitement romanesques, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs.

 Préface de Cécile Yapaudjian-Labat, qui a coordonné le numéro

Sommaire du dossier Claude Simon

Cécile YAPAUDJIAN-LABAT : Pour ainsi dire.
Patrick LONGUET : La meilleure part.
CLARO : Version Simon.
Philippe FOREST : « Moi ?... »
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Alastair DUNCAN : À la recherche de Claude Simon en Flandres.
Jean-Yves LAURICHESSE : Paysages en mouvement.
Pierre SCHOENTJES : Au cœur de la lumière.
Nathalie PIÉGAY-GROS : De quoi le Noir est-il le nom ?
Wolfram NITSCH : Mécaniques démantibulées.
Katerine GOSSELIN : « Comme si je lui parlais dans une langue inconnue »
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Dominique VIART : Traces et tracés, linges et graffiti.
Brigitte FERRATO-COMBE : Claude Simon et la fascination du musée.
Jean H. DUFFY : De la publicité à l’icône, de l’image spectrale au reflet spéculaire.
Irène ALBERS : Les habitants du carré.
Anne-Lise BLANC : L’attrait des murs.
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Joëlle GLEIZE : « Comme le bruit même du silence ».
Christine GENIN : L’invention formelle du roman autour d’un trou noir.
Michel BERTRAND : Palimpseste du roman de la jalousie.
Ilias YOCARIS et David ZEMMOUR : « Un texte convenablement composé ».

à lire :

 un billet de Claro : « Simon enfoui, Simon étoilé », Le Clavier cannibale, 21 mai 2015
 compte-rendu de Jacques Neefs, « Claude Simon, Europe, n° 1033, sous la direction de Cécile Yapaudjian-Labat, mai 2015, 364 p. », Cahiers Claude Simon, 12 | 2017, p. 228-231.