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Et un peu plus tard
dimanche 1er décembre 2013, par
Et un peu plus tard, de nouveau des murs autour d’eux, quelque chose de clos en tout cas, Georges s’asseyant docilement, sa bouche, sa langue, ses lèvres s’efforçant de dire : « Je préférerais manger quelque chose Si vous aviez quelque chose à manger je… », mais n’y parvenant pas, regardant avec un impuissant désespoir l’homme au visage de cadavre parler à la femme debout à côté de leur table, puis celle-ci s’en aller, revenir, poser devant lui et remplir le verre (un minuscule cône renversé très évasé au-dessus du pied mince) de quelque chose de transparent et incolore comme de l’eau mais qu’il eut envie de cracher quand il l’eut dans la bouche, âcre brûlant.
Claude Simon, La Route des Flandres (Minuit, 1960, p. 116-117)