Association des Lecteurs de Claude Simon

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Jacques d’Anglejan

lundi 26 octobre 2015, par Christine Genin

La première fois

C’est en aout 2006, une amie prof de français qui tient un blog littéraire me conseille de lire L’Acacia. Claude Simon est mort depuis un an, je n’ai jamais entendu son nom, je n’ai lu aucun auteur du Nouveau Roman, et pratiquement rien chez Minuit (ou seulement L’Amant). J’ai pourtant beaucoup lu, mais ni Proust, ni Dostoïevski, ni Faulkner... Dans la maison que nous avons louée sur une colline en Ombrie on voit au nord le Lac Trasimène, de l’autre côté une colline d’oliviers, je lis dans une cour intérieure, l’air brûlant est déchiré par le jeu des hirondelles domestiques. Je lis donc L’Acacia dont je ne comprends le titre qu’à la fin, comme tout le monde, et page après page parce que l’histoire rejoint intimement celle de ma famille - les guerres mondiales, le départ du grand-père, sa mort en héros improbable, la mélancolie, l’ironie et l’humour ; tout ceci aussi je l’avais trouvé chez Gracq dans le Balcon en Forêt - mais surtout parce que je suis bouleversé par le style comme jamais je ne l’avais été, j’ai l’impression à 45 ans de découvrir la lecture, le roman ; j’aimais la poésie, je la redécouvre dans les proses courtes et les textes en fragments.

J’ai dévoré tout Simon d’une traite avant la fin octobre 2006, près de la BnF j’offre un premier exemplaire à une amie, je consulte sur Internet les maigres informations qui existaient alors (le site « labyrinthe » sur une page perso d’Orange il me semble), je découvre alors qu’il existe depuis peu une Association des Lecteurs de Claude Simon, j’écris en septembre à sa femme un mot pour dire mon admiration. Je suis devenu un simonien de la onzième heure, un converti.

Dix ans après, plus rien n’est comme avant (une « commotion » dit D. Viart, c’est bien ça en effet) : je ne lis plus aucun livre de la même façon.

Jacques d’Anglejan

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Anglejan, Jacques d’