Association des Lecteurs de Claude Simon

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Œuvres, tome 2 (Bibliothèque de la Pléiade, 2013)

mardi 27 novembre 2012, par Christine Genin

Claude Simon. Œuvres, tome II

Gallimard, 14 février 2013. 1712 p. (Bibliothèque de la Pléiade ; 586)

Édition établie par Alastair B. Duncan, avec Bérénice Bonhomme et David Zemmour.

Ce volume contient : introduction, chronologie, note sur la présente édition ; L’Herbe, Histoire, Les Corps conducteurs, Leçon de choses, Les Géorgiques, L’Invitation, L’Acacia, Le Tramway ; deux textes non publiés en volume du vivant de Claude Simon : Archipel, Nord ; Appendices : textes, plans et schémas de Claude Simon, relatifs à ses romans ; Notices, Note sur les cartes postales d’Histoire, notes, complément bibliographique.

présentation par Alastair Duncan

En 2001, la Pléiade propose à Claude Simon de publier un volume de ses œuvres. Simon en établit lui-même le sommaire : du Vent (1957) au Jardin des Plantes (1997), huit livres, quarante ans de création. Puis, jusqu’à sa mort en 2005, il aide à la préparation du volume, qui paraît en 2006.

Après la disparition de Simon, son œuvre ne connaît pas de purgatoire. Sa présence, au contraire, s’affirme. Des romanciers qui n’étaient pas nés à « l’ère du soupçon » la lisent et la citent. On la traduit partout. À l’heure où le « nouveau roman » n’émet plus, Simon est un écrivain vivant. C’est ce dont la Pléiade prend acte, peu après la sortie du volume de 2006, en préparant une « suite » — qui n’en est pas une : ce tome II rassemble les œuvres que Simon n’a pas retenues en 2001. À en examiner le sommaire, on saisit que ce second wagon n’a rien d’un wagon de seconde classe. Mais où chercher l’unité d’un tel ensemble ?

Simon ne s’est pas expliqué publiquement sur ses choix de 2001. Pour autant, il n’est pas interdit de remarquer que, si des romans « à base de vécu » (pour ne pas dire « autobiographiques ») étaient présents dans sa sélection, ceux qui étaient le plus visiblement fondés sur un matériau familial avaient été écartés. La famille évoquée dans L’Herbe ressemble à celle des Simon. Histoire fait revivre des personnages proches des parents de l’auteur. Les Géorgiques enchevêtre la vie de L.S.M., conventionnel et général d’Empire dont les initiales sont celles d’un trisaïeul de Simon, à des épisodes vécus par un volontaire étranger dans l’Espagne de 1936 et par un cavalier français de 1940. Dans L’Acacia, un père meurt en 1914, comme celui de Simon, et un fils survit à la débâcle de 1940, comme Simon lui-même. Et Le Tramway, où se rejoignent enfance et vieillesse, traverse une ville anonyme semblable à celle où l’écrivain a passé ses premières années.

La matière familiale irrigue donc tout le volume. Mais il y a plus. Peu à peu, Simon renonce partiellement à « inventer » personnages et épisodes. Il fait des recherches, exploite des archives. La fiction progressivement s’efface. Des critiques trop pressés vont d’ailleurs s’y tromper et qualifier d’ « autobiographies » ces romans véritables, au grand dam de l’auteur. Car ce qui est prodigieux chez Claude Simon, et ce dont les livres ici rassemblés témoignent mieux que d’autres, c’est qu’il abandonne la fiction sans renoncer au romanesque. « Montrer un homme dans toute la vérité de sa nature » n’est pas son affaire. « Ces éléments biographiques sont des prétextes, disait-il. Le texte est autre chose. » Parallèle au nôtre sans jamais se confondre avec lui, à la fois fragmentaire et cohérent, le monde qu’il crée « à base de vécu » a sa vérité propre. Comme celui de Balzac.

Présentation sur le site des éditions Gallimard

La présentation en .pdf :

Le premier volume, n° 522 de la collection, est toujours disponible.

échos et compte-rendus :

« Un des trois ou quatre qui ne quittent jamais ma table, que je feuillette en permanence. C’est le seul auteur qui représente ça pour moi : ce qui m’intéresse chez lui, c’est presque uniquement le rythme de sa phrase, la musique de sa langue. Ce dont il parle, la guerre, ne m’intéresse pas beaucoup, m’ennuie même assez vite. En revanche, sa langue me plaît énormément. » Marie NDiaye : « J’aime cette période de vacance », Libération, 13 février 2013

« J’ai aussi été très marquée par L’Acacia de Claude Simon et Le Premier Homme d’Albert Camus, où il est question d’un père disparu. », Michèle Audin, « Je n’avais jamais imaginé que mon père puisse aimer », BibliObs, 13 février 2013